Comme prévu, j’ai acheté et lu hier ce nouveau numéro des
Chroniques de Spawn. Deux épisodes de
Spawn, ça faisait longtemps. Mais le changement d’équipe créative allait-il faire changer mon avis quant à l’actuelle direction de la série, qui présente un nouveau personnage principal ? Je n’y croyais pas, mais il se pourrait bien qu’après la lecture de cette nouvelle fournée, mon opinion soit plus… positive ?!?
Spawn #201 et Spawn #202 :Comme je l’ai souvent dit ici, au risque de vous bassiner avec ça, je suis loin d’être un adorateur du changement radical orchestré par Todd McFarlane avec le
#185. Le créateur dégage sa création au meilleur moment de la série, et nous pond un blond amnésique et un univers remis à zéro. Bref, plus vraiment ce qui faisait le charme de
Spawn, d’autant plus que ça avance à vitesse d’escargot. Whilce Portacio arrivait à maintenir l’attention grâce à son style, mais bon. Et le fameux
#200 n’a pas été non plus l’évènement annoncé pour moi.
Désormais, Todd McFarlane est toujours présent et la série continue sur la même voie, mais elle est servie par deux nouveaux talents. L’inconnu Will Carlton au scénario. Et le jeune Szymon Kudranski au dessin. Est-ce que de nouveaux auteurs, que je suspectais d’être a priori sans expériences et dociles, allaient faire changer la donne ? Je ne me faisais pas d’illusion. Alors qu’elle ne fut pas ma surprise, que de découvrir qu’ils ont injecté un sacrée dose de qualité !
Le scénario d’abord. Niveau dialogue, j’ai d’abord eu l’impression que Carlton employait encore ce qu’avait fait McFarlane, à savoir du blabla à rallonge juste pour faire illusion. Mais que nenni. Déjà, disparus les déclamations ridicules comme on en a croisé récemment, œuvres d’un McFarlane en petite forme. Aussi, bien qu’il y ait des tartines de textes, leur lecture n’est jamais usante. Au contraire, c’est un plaisir à lire, car même quand on ne s’y attend pas, ils apportent des éléments nouveaux. Certes aucune révélation dans les toutes premières pages, qui servent en fait à résumer la quinzaine d’épisodes précédents. Mais par la suite, les mini-révélations, qui faisaient défaut à la majorité de la quinzaine d’épisodes précédents, sont bel et bien là.
Hormis ce qui nous est offert à lire, littéralement, l’histoire s’efforce de nous en donner pour notre argent. Chaque épisode est suffisamment bien rempli pour qu’on n’aie pas l’impression de lire un soap sans but. L’impression de lenteur, que je qualifierais plus ici d’action en quasi temps réel, est toujours présente, mais le scénariste joue avec suffisamment d’éléments pour nous tenir en haleine. Jonglage entre divers lieux et nouveaux protagonistes. Bref, c’est bien construit, ce qui n’était pas le cas auparavant. Une qualité remarquable dont le dessinateur n’est pas étranger…
Le dessin, donc, maintenant. Kudranski est clairement un petit génie, je le dis direct ! Un artiste complet plutôt impressionnant. Son style, je le définirais comme un mix entre Alex Maleev et Brian Haberlin, pour rester sur des artistes ayant officiés sur le spawnverse. Maleev dans le style de dessin, anguleux et moderne, avec une forte présence des ombres. Le cadre résolument urbain et réaliste en fait bien sûr partie. Haberlin pour le photo-réalisme. De première apparence statique, son style est en réalité, à mes yeux, vivant. Cela est dû à son approche de la narration : une multiplicité de cases.
La technique, ou du moins l’alliance de plusieurs techniques, lui donne un style unique, précis et classieux. Kudranski donne tout, réalisant des cases et des planches hallucinantes de maîtrise. Et dire que ce n’est que le début… Vous l’aurez compris, l’artiste est mon nouveau chouchou. La fusion du scénario et du dessin donne une très bonne BD. Je n’espérais pas tant. Je redoutais la colorisation de Fco Plascencia (dont j’ai du mal à accrocher sur
Haunt) : il a au contraire l’intelligence de s’accorder à 100% avec cette nouvelle approche graphique.
La série est désormais beaucoup plus sombre et hyper réaliste. Le nouveau dynamic duo d’auteurs qui nous est présenté est extrêmement prometteur niveau qualité à tous les niveaux. Si je dois reconnaître au moins une chose à Todd McFarlane, c’est de bien choisir ses poulains. Alors certes je n’ai toujours pas l’impression de lire du
Spawn. Mais au moins ai-je lu là de la bonne BD, aux qualités remarquables. La nouvelle équipe a réussi à m’intéresser. Bravo, essai transformé.
Sam & Twitch: L’Ecrivain #3 :La mini-série des italiens Blengino & Erbetta continue son petit bonhomme de chemin. Les qualités sont toujours là : personnages à la caractérisation intéressante, histoire aux ramifications multiples, ambiance superbement retranscrite par les couleurs, dessin très agréable et aux angles de vue recherchés. La tension monte bien et devrait éclater dans le prochain et dernier épisode. A la lecture - toujours passionnée - de ce nouveau chapitre, j’ai une idée de qui est le tueur. Est-ce une fausse piste orientée par les auteurs ou ai-je vu juste ? Je le saurai dans deux mois.
Le reste du magazine :Le récit inédit et décalé de
Walking Dead signé Kirkman & Ottley est bien fendard comme il faut. Un délire bien marrant. A première vue, il a pour objectif d’attirer les nombreux lecteurs de
Walking Dead vers les
Chroniques de Spawn, et/ou vice versa. Dans cette dernière approche, vu le succès fracassant de la série en France, je ne crois pas que ce serait pertinent. Par contre, je serais plutôt pour que les lecteurs de ce gros bonus soient tentés d’essayer la série
Invincible, chez le même éditeur !
La présentation des nouveaux auteurs spawniens que sont Carlton & Kudranski est une bonne idée en soit. Idem pour l’abécédaire des auteurs précédents, qui en compte pas mal. Mais sur ce dernier point, même reproche que pour l’abécédaire du
n°34, l’espace est trop restreint pour proposer des textes exhaustifs. La galerie des honneurs semble là pour remplir les pages restantes. Nous privant d’ailleurs du courrier des lecteurs. Ah oui, car le magazine est repassé à 100 pages pour 5.50 €, sans prévenir, au fait !