Spawn #199 :Peu de temps après sa sortie ricaine, pour cause de retard de la série, voici déjà la traduction de l’épisode signé McFarlane & Larsen. Clairement un épisode pré-numéro anniversaire à sa lecture, avec sa tension en crescendo, correctement exécuté. Il ne va pas non plus me permettre de changer d’avis et de dire le plus grand bien de l’actuelle orientation de McFarlane. Le scénario est à la fois prenant et des plus légers, c’est vite lu. Il y a une certaine facilité à conter certaines péripéties, qui tombent tel un cheveu sur la soupe, là, présenté devant nous sans réelle mise en place. Les dialogues ne sont pas les mieux écrits que l’on puisse lire dans les comics de nos jours, quand ils ne font pas dans le remplissage pur et simple en paraphrasant ce que l’on sait déjà (les pages 2 et 3 en sont le parfait exemple).
Vous allez me dire que je reste désespérément campé sur mes positions, à dénigrer le père Todd depuis qu’il lui a pris de stopper net l’exceptionnel labeur du scénariste David Hine (
du #150 au #184), qui proposait un réel et passionnant approfondissement du caractère d’Al Simmons et de son entourage… pour revenir à une espère de relaunch caché, avec un nouveau héros à la personnalité toujours pas définie. Vous n’aurez pas entièrement tort, mais pas totalement raison non plus.
A l’instar du
#198 traduit dans le numéro précédent, nous pouvons contempler des planches qui font plaisir à voir. Khary Randolph apportait une énergie bienvenue le temps d’un épisode. Eh bien ici Erik Larsen fait de même. Son style est très caractéristique, tout en puissance et raccourcis. Il fait des merveilles, changeant des canons habituels vus récemment sur la série. Les styles des deux artistes sont pourtant opposés, celui de Larsen étant carré et punchy, celui de McFarlane étant rond et sombre. L’alliance des deux donne un résultat hybride, où l’on reconnaît la patte à la fois de l’un et de l’autre. Et encore une fois, ça marche !
Je ne parlerais pas de la colorisation, loin des prouesses passées, une nouvelle approche qui tranche voulue par Todd, mais dont j’ai du mal à devenir fan, même si j’avoue que dans cet épisode-ci ça ne m’a pas plus dérangé que ça.
Ce n’est pas dans mon habitude, mais vu ce qu’il se dit et se passe dans la deuxième moitié de ce
#199, je vais spoiler sévère dans le paragraphe suivant - et uniquement dans celui-là, je vous rassure. A ne lire qu’après coup, donc.
- Spoiler:
Cet épisode semble amener des révélations, qui seront plutôt abordées dans le #200. Le premier point sur lequel je veux revenir, c’est l’apparition d’Omega-Spawn. Il s’agit du grand méchant de la mini-série Image United. Présenté comme le retour d’un Al Simmons qui a pété une durite. Mais McFarlane avait déclaré lors d’une interview qu’il ne voyait pas les choses de cette manière, et qu’il apporterait sa vision des choses à cette idée signée Robert Kirkman. Si l’on passe outre son apparition surprise dans le #199 qui est loin d’être des plus fines - il débarque là sans raison et est introduit par un gros plan de sa tronche en splash-page, alors qu’il aurait été plus logique de le voir en entier, tel que vu par le héros -, il est marrant de constater que McFarlane ne tarde pas à l’inclure dans sa série… alors qu’il est la principale cause du retard de Image United ! Un comble !
Le deuxième point, c’est-ce que dit The Freak, aka Le Streum dans la VF de Delcourt. Il est clair qu’on a hâte de voir débarquer le #200 après la lecture de la page finale de cet épisode, mais l’on peut déjà commencer à spéculer sur l’identité de qui se cache derrière cette apparence. Quelles sont vos pronostics ? Moi, j’ai quatre noms qui me sont venus à l’esprit :
- Malebolgia ? -> Ca me ferait bien ch** que McFarlane ramène ce personnage dont la mort dans le fameux #100 de lui & Capullo demeure une pierre angulaire de la série, et qui s’est vu détrôné la place de grand méchant par…
- Mammon ? -> Grand manipulateur devant l’éternel, il a été érigé bad guy ultime par Hine, mais l’on n’a plus entendu parler de lui depuis que McFarlane a repris les reines de sa série.
- Cogliostro ? -> Vous souvenez-vous qu’il a en fait manipulé et trahi Spawn juste pour accéder au trône de l’Enfer, tel que révélé par Holguín & Medina ? En même temps, il me semble que McFarlane ne peut plus utiliser ce personnage suite à ses déboires judiciaires avec Neil Gaiman ?
- Al Simmons ? -> Ben ouais ! Et cette solution ne me déplairait pas, tiens…
Voilà, je crois que j’ai tout dit. Et bien sûr, tout cela n’est que mon opinion personnelle, qui n’engage que mes propres avis et réflexions. Non, je dis ça, parce que dans le Courrier des lecteurs, j’apprends par le biais d’un fan qui n’ose donner son nom que j’ai des « pensées un peu conservatrices et égoïstes » !
Sam & Twitch: The Writer #2 seconde moitié :Pas trop de choses à dire par contre sur ces pages-ci. Un demi-épisode, c’est bien court et il est difficile de se forger un avis sur si peu de matière. Scénaristiquement, ça n’avance guère ici mais les personnages sont bien campés. Graphiquement, c’est bien foutu. Pas grand-chose à relever, donc, il semblerait que la mini-série s’apprécie dans son ensemble. Ce que le moyen de diffusion de Delcourt ici employé n’aide pas vraiment.
Image United #2 seconde moitié :C’est la même chose ou presque que dans le numéro précédent. Baston suivi de baston suivi de baston… Avec la majorité des dialogues juste là pour meubler, mais qui n’apprennent rien. L’intrigue, si tant est l’on peut considérer qu’il y en ait une, n’avance pas. Robert Kirkman ne raconte rien dans cette mini-série qui pourtant aurait eu besoin de bases solides et un tant soit peu prenantes et captivantes. Au lieu de cela, l’auteur se la joue enfant qui s’amuse avec des figurines, multipliant les alliances et les apparitions de nombreux personnages, parfois secondaires, et parfois juste l’espace d’une case. Ca pourrait à n’en pas douter être le pied si ce n’était pas si vain. En tout cas c’est mon ressenti pour le moment : j’espère que sera introduit à un moment ou un autre une raison valable à tout ça. Car à l’annonce d’un tel projet, aussi excitant dans le fond que dans la forme, je m’attendais quand même à quelque chose de plus pertinent que ça.
On se rattrape donc avec ce que l’on a. C’est-à-dire ces planches réunissant plusieurs dessinateurs stars. Pour ça, on est servi. Voilà au moins une promesse tenue. Et il est marrant de voir les divers artistes se fondre dans le moule de la narration d’Erik Larsen. En tout cas, la juxtaposition des différents styles fonctionne bien et n’est jamais repoussante. C’est la couleur qui unit l’ensemble, me direz-vous ? Certes oui, même elle est légèrement trop flashy à mon goût. Encore que pas sur tous les personnages ou éléments. Et même si sur ce titre c’est cette approche qu’il fallait. Alors z’allez me dire que je sais pas ce que je veux, à raller aux couleurs fades et ternes de
Spawn et
Haunt, et à râler aux couleurs criardes de
Image United ? Et je vous répondrais que j’ai des goûts bien définis, nah !
Haunt #7 :Après l’épisode particulier du précédent numéro, qui voyait des éléments du premier arc contés d’un point de vue différent, début d’un nouvel arc ici, avec Greg Capullo désormais au dessin de la série. Ce
#7 est clairement un épisode de transition. Il n’y a pas d’action tonitruante ou d’enjeux capitaux. C’est plus posé, l’épisode prenant le temps de s’intéresser aux divers personnages et à leurs motivations respectives. Robert Kirkman gère ça convenablement, n’en fait pas des tonnes, ce n’est pas inintéressant à lire, on passe un bon moment.
Greg Capullo réussit lui aussi de son côté cet épisode plus calme. C’est un réel plaisir de le retrouver sur des planches intérieures. On le sent déjà à l’aise avec l’univers et les personnages. La série regorge déjà à la base de belles qualités, et l’apport de Capullo n’entache en rien la spécificité du titre. C’est à la fois fluide et inspiré. Tout en étant très éloigné de son travail passé sur
Spawn, la série étant bien différente.
L’encrage… euh, quel encrage ? Todd McFarlane est crédité, mais qu’a-t-il fait ? Moi ce que je vois, c’est le crayonné brut de Capullo, légèrement assombri, et juste quelques traits en négatifs dans quelques aplats de noir ! Pas spécialement un mal, puisque l’on peut ainsi voir le travail concret de Capullo, mais curieux, par exemple si l’on compare avec l’épisode de
Spawn du jour, où là chaque case porte la McFarlane touch.
Les couleurs… Même reproche que d’habitude : c’est faaaaade… Et surtout, je trouve que ça ne met pas en valeur le dessin de Capullo comme il le mérite. C’est bien dommage, même si je comprends que l’idée et de s’écarter le plus possible du tout venant des comics de super-héros.
Pour conclure et en résumé, les épisodes traduits dans ce nouveau numéro se lisent avec plaisir, mais l’on n’en garde pas un souvenir impérissable. Une lecture agréable et appréciable, mais aux histoires pas éclatantes. Au prochain numéro ? Certainement, avec - croisons les doigts - le fameux numéro
#200 de notre série fétiche. Si l’on excepte quelques fautes ou oublis et une couverture passable (l’encrage digital de Capullo fait que l’on a bien du mal à reconnaître son style, d’autant plus que le visuel est bateau), ce
n°33, malgré la déception ambiante - j’aime pô
Spawn en ce moment,
Image United ne raconte rien et un demi épisode c’est bien difficile de juger -, n’est pas mauvais.