SPAWN : RENAISSANCE (librairie Delcourt)

Après la revue Spawn chez Semic, puis Les Chroniques de Spawn chez Delcourt, la série Spawn a continué sa publication française en librairie. En parallèle de la réédition du titre créé par Todd McFarlane depuis ses débuts sous la forme d'une intégrale par an, l'éditeur Delcourt a sorti le run de Todd McFarlane & Szymon Kudranski, à savoir Spawn #201 à 250, en albums librairie dans la collection Spawn : La Saga Infernale. Retrouvez tous les détails et les critiques dans son sujet dédié sur le forum. Nouvelle approche et nouveau personnage, on suivait Jim Downing, pas vraiment depuis le début puisque cette histoire commence au #185. C'est à l'occasion du numéro anniversaire #250 que McFarlane décide de ramener sur le devant de la scène son personnage fétiche, la vrai Spawn : Al Simmons. Pour ce nouveau départ il embauche le scénariste chevronné Paul Jenkins et le dessinateur moins connu Jonboy Meyers. Rapidement il les poussera à quitter le navire en reprenant les rennes de sa série, en s'adjoignant l'aura de son pote vétéran Erik Larsen. Mais ça n'est pas pour tout de suite en VF ; là à partir de ce mercredi, nous pourrons enfin découvrir le retour d'Al Simmons qui ramène un vent de fraîcheur sur notre BD favorite, dans une nouvelle collection que Delcourt sort en librairie sous le titre...


Spawn : Renaissance tome 1 :
sortie prévue le Mercredi 02 Mars 2016 - album librairie - coll. Contrebande - éd. Delcourt
Spawn créé par Todd McFarlane - couverture de Jonboy Meyers - 160 pages – 15,95 €uros
contient le one-shot Spawn: Resurrection #1 et les épisodes Spawn #251 à #255 (de Mars à Août 2015)

Scénario : Paul Jenkins et Todd McFarlane
Dessin et encrage : Jonboy Meyers
Couleur : Fco Plascencia, Laura Martin, Larry Molinar, Ivan Plascencia et Jordan Butler

Le pitch : « Personne ne sait vraiment où est allé Al pendant cinq ans, mais c'est un autre homme. Plus sage, plus fort, et empli de tous les souvenirs d'une expérience qu'il a encore du mal à intégrer. Reclus dans un coin de New York où le crime règne, il a commencé à former de nouvelles alliances, et à préparer sa défense et à tester ses nouveaux pouvoirs. Qui a-t-il bien pu énerver autant pendant son absence ? »

Preview (Attention SPOILERS !) : http://www.editions-delcourt.fr/comics/previews/spawn-renaissance-01.html

Couvertures originales :

Enfin. Enfin le run avec Jim Downing est derrière nous. À partir de Spawn #185, Todd McFarlane décide d'écarter son protagoniste fétiche Al Simmons, histoire de renouveler la série. Nous découvrons alors un blong amnésique qui se voit doté du symbiote. Mais les éléments caractéristiques de la série sont eux aussi mise en sourdine, pour laisser place à un soap opera verbeux et décompressé, où il ne se passe pas grand chose. Arrivés au #250, soit une loooooongue traversée du désert, nous n'aurons finalement pas eu réponse à toutes les questions posées. Mais réjouissons-nous : Al Simmons, soit rien d'autre que le VRAI Spawn, est de retour !

À cette occasion, changement d'équipe artistique. Todd McFarlane, après avoir sollicité en secret le grand Grant Morrison et engagé le réputé Brian Wood avant de s'en séparer aussitôt, s'adjoint les services du sérieux Paul Jenkins. Le scénariste a jadis tâté de cet univers, puisqu'on lui doit l'Annual Spawn: Blood and Shadows et l'éphémère spin-off Spawn: the Undead, aux thèmes adultes et traitant le personnage comme une entité horrifique. Côté dessin, histoire de trancher avec le photoréalisme très noir du run de 50 épisodes alignés par Szymon Kudranski, McFarlane a posé son dévolu sur Jonboy Meyers, au style clair genre manga/cartoon, peu employé et donc peu connu. Tout cela augurait un retour aux sources salvateur.

Avant de démarrer ce nouveau run, est proposé un one-shot servant à raconter le pourquoi de ce retour d'Al Simmons : Spawn: Resurrection. Les nouveaux auteurs ont beaucoup de choses à introduire en un seul épisode. Du coup, malgré l'ambition certaine, ça semble capillotracté et précipité vu l'importance des évènements. Heureusement, ces éléments seront plus longuement développés ici et là au fil des épisodes de la série figurant dans cet album. Il est curieux de s'apercevoir que Paul Jenkins retrouve des caractéristiques fondatrices du succès passé de la série, mais les modifie légèrement, entravant du coup une parfaite continuité. On grince donc un peu des dents en croisant ces petites trahisons. Mais ça n'enlève rien à cette idée bienvenue de reprendre les détails fondamentaux de la série, retrouvant ainsi ce que l'on aimait tant.

De nombreuses nouveautés apparaissent ici. Nouveaux personnages périphériques (mais somme toute logiques, ne vous inquiétez pas), nouveaux pouvoirs, etc... La juxtaposition de caractéristiques canoniques à la série et d'éléments nouveaux est de prime abord singulier, mais se révèle in fine un parti pris bien vu. Ainsi, lecteurs de longue date comme nouveaux venus peuvent tous s'y retrouver. La lecture est plaisante, jonglant entre découvertes et scènes plus mouvementées. Le but est simple mais entraînant. La construction est intéressante : chaque épisode est une sorte de stand alone, exploitant une idée différente. Si à la limite on peut pardonner les accros à la continuité stricte, un peu rageants mais justifiés pour accoucher d'une relance riche, j'ai par contre trouvé le #254 bien ridicule.

La partie graphique, maintenant. Jonboy Meyers apporte avec lui une force de proposition imaginative. Il délivre de nouveaux designs inspirés et dans l'air du temps. Son style typé cartoony est un drôle de choix pour un tel titre. Si l'on excepte le projet The Adventures of Spawn, c'est une première sur la série. Ça change radicalement des habitudes, ça s'est sûr, mais il faut avouer que ça passe à la lecture. Il montre néanmoins rapidement ses limites. Son trait est simple, son découpage fonctionnel, et ses décors absents. Pas de la grande œuvre, donc, mais son efficacité est relevée par une superbe colorisation, un travail que l'on doit à Laura Martin et Fco Plascencia.

En résumé, Spawn : Renaissance 1 arrive à retrouver les qualités de la série disparues depuis si longtemps, tout en apportant des nouveautés qui relancent l'intérêt. Si je suis quand même un peu déçu par les simplicités de la démarche et les quelques accros à la continuité, il faut souligner l'envie des auteurs de réintroduire le fun qui nous a tant manqué. Reste à voir si tout ça va réellement amener quelque part. L'album concocté par les éditions Delcourt est beau et costaud, aéré et bien présenté. Un bel objet pour un événement qui, s'il n'est pas irréprochable, est un immanquable pour les fans que nous sommes... Et ne loupez surtout pas le bonus non négligeable glissé en fin d'ouvrage : un poster dépliant détachable présentant tous les costumes de Spawn au cours de la série !

Un album qui ne m'a pas totalement rassuré.

D'abord, au bout de quelques pages, cette revelation où simmons joue de la guitare devant sa femme enceinte puis est effondré en apprenant que l'enfant est perdu.

NON ! David Hine avait proposé une lecture parfaite de l'enfant à venir, expliquant le trauma de spawn, son aspect et sa malédiction. c'était parfait.

Le reste de ma lecture, entaché de cette erreur majeure, a oscillé entre une satisfaction polie et une lassitude, déjà, consommée.
Rien de ce qui se passe n'est réellement fascinant. Je veux aimer Spawn, qui est mon comics de référence, mais plus les numéros sortent et plus s'éloigne ce sentiment.

Aucune proposition (scénaristique) n'est faite qui puisse me redonner confiance.

Au dessin, je crois que nous sommes tous encore traumatisé par le run d'exception de capullo. Il faut (essayer) de se faire une raison, nous n'aurons probablement plus jamais un tel talent sur la série.

Jonboy s'est fait virer au bout d'une petite dizaine d'épisodes. on comprend pourquoi. son style copie celui de madureira, mais la puissance (le genie) de celui ci en moins. c est donc une sorte de fan-art classieux mais tellement limité.
il claque quelques bonnes cases, mais échoue sur la longueur. trop vide, trop impersonnel.

finalement, cet album est, une fois de plus, une déception. Et il m'apparait de plus en plus évident que la série est morte en même temps que son protagoniste, mais qu'elle ne ressucitera jamais.

et ce n est pas erik larsen qui fera des miracles.

Heureux de voir une autre critique que la mienne. Allez, les gars, exprimez-vous. Je comprends complètement ton point de vue - et partage comme tu le sais ton avis sur le run PARFAIT de David Hine, sans parler la prestation de Greg Capullo qui est bien entendu INDEPASSABLE -, même si je vois qu'il est encore plus pessimiste que le mien...

Pour ma part, j'avais énormément apprécié cet arc narratif qui avait pour ambition de faire ce que McFarlane n'avait pas fait depuis des années : faire avancer le Spawnverse. Et non content de nous servir des récits attrayants, ne serait-ce qu'en terme de pur divertissement, on avait également quelques réflexions vraiment pertinentes, il me semble, dans le numéro consacré aux voyages temporels.

Bref, je suis vraiment déçu de voir que Jenkins et Meyers (qu'on récupère, fort heureusement, chez DC Comics et sur Teen Titans, accompagné par Percy à l'écriture) ont été remerciés aussi vite et sûrement pas de la façon la plus correcte, sans avoir pu conclure ou même développer leurs idées. Je n'imagine même pas ce que ça a dû être pour Jenkins de subir l’ingérence de McFarlane, pendant que ce dernier semble pomper allégrement son boulot dans Blood and Shadows pour un film qui ne verra jamais le jour ...

J'espère que vous aurez le temps de vous préparer psychologiquement pour Satan Wars, parce que c'est du costaud et de la médiocrité comme on en avait jamais vu sur ce titre ... :/

Spawn : Renaissance tome 02 :
sortie prévue le Mercredi 26 Octobre 2016 - album librairie - format comics - couverture cartonnée
éditions Delcourt - collection Contrebande - 176 pages - 16,95 €uros
Contient les épisodes Spawn #256 à #262 (de Septembre 2015 à Avril 2016) dont l'arc 'the Satan Saga Wars'
Spawn créé par Todd McFarlane - couverture de Jonboy Meyers

Scénario : Todd McFarlane et Erik Larsen
Dessin et encrage : Erik Larsen, Todd McFarlane, Szymon Kudranski et Jonboy Meyers
Couleurs : Fco Plascencia et Laura Martin

L'histoire : « Un messager de Satan est envoyé sur Terre afin de négocier avec Spawn. Al Simmons doit abandonner son costume pour préserver l'âme de Wanda. Spawn refuse ce deal et combat le démon, ce qui entraîne la mort de Wanda. Al assiste aux funérailles de l'amour de sa vie, mais fait face à un Terry Fitzgerald, terrassé par la douleur d'avoir perdu sa femme. Al efface le souvenir de sa venue, mais n'a pas l'intention d'en rester là... »

Les premières pages (Attention SPOILERS !) :


Les couvertures originales (par Jonboy Meyers, Erik Larsen, Todd McFarlane et Gerardo Sandoval) :
 

Ce tome 2 démarre avec une belle promesse : celle de confronter Spawn au maitre des enfers avec comme enjeu Wanda. On est en plein coeur du mythe spawnien et c'est formidable, surtout si l'on considère que Malebolgia n'était qu'un seigneur de ce monde et que cette fois spawn en affronte le roi.

Une guerre donc, rien de plus rien de moins. Le scenario est plutôt agreable. les péripéties s'enchainent, l'histoire avance rapidement. Et se conclue sans que, finalement, nous ayons été boulversés.

L'impression finale, la mienne du moins, est d'avoir lu une histoire sympathique, mais enormement perfectible. En un mot, c'est moyen. a noter une scene, ridicule et mal amenée, qui finit de salir nos souvenirs.

si capullo ou medina (peut etre meme syzmon) avait depeint ce tableau, alors peut etre que l'ensemble aurait été cohérent...

...mais...

...la partie graphique, sorte de bouillie larseno-mcfarlienne, est indigeste. si quelques cases ou pages sont plaisantes, le style sans charisme de larsen enleve toute majesté à spawn et tout sérieux à l'enfer et aux démons. il en ressort un comic book ultra oldschool, dont les cadrages et les perspectives sont basiques. les details (la texture) qu'ajoute mcfarlane à l'encrage ne suffit pas à sauver ce désastre.

c'est donc un album très médiocre, une fois de plus, qui nous est proposé.

la suite (je la lis en VO) sera encore en dessous. le prochain TPB sera une bouse complete, avec un "all new all different" spawn.
vous le verrez combattre des ennemis grotesques, se promener en imper à la colombo, faire equipe avec la femme fourmi ( avec un gros boule, deux antennes et un 95D bien moulé) et le fils de savage dragon, soit l'équipe de losers par excellence.
tout ceci bien sur avec le style si caractéristique de larsen : petit corps, grosse tete , mini jambes.

pauvres de nous. nous etions pourtant prevenus, car quiconque passe le seuil de l'enfer accepte cette maxime:

"Toi qui pénétres en ces lieux, abandonne tout espoir"


en ce qui me concerne, c'est fait...

kall-su a écrit:

a noter une scene, ridicule et mal amenée, qui finit de salir nos souvenirs.

Ridicule en effet. Qui se dit, alors qu'ils sont poursuivis par Satan et ses laquais "Tiens, c'est le meilleur moment pour !". Mais soit ... ^^'

Après avoir fait preuve de patience pour recevoir mon album (le fournisseur du site sur lequel je l'ai commandé a cafouillé), le précieux tant attendu est enfin arrivé entre mes mains. Le traditionnel feuilletage m'a tout de suite enthousiasmé : au moins graphiquement, ce sera superbe. C'est hier après-midi que je l'ai lu. J'y vais donc maintenant de mon avis. Les précédents des autres forumeurs m'ayant fait peur.

Cet album, toujours aussi agréable et classieux, comme tous les hardcovers VF du marché actuel, contient pas moins de sept épisodes. Juste avant, Todd McFarlane avait ramené Al Simmons après un run long et creux avec le personnage Jim Downing et l'artiste Szymon Kudranski. Il avait fait appel à Paul Jenkins au scénario et Jonboy Meyers au dessin. Le bilan : une lecture vraiment sympa, mais aux incohérences et au style cartoony ne permettant finalement pas de retrouver les qualités des débuts. Todd McFarlane ne pouvant s'empêcher de tout contrôler, ou plutôt d'intervenir en permanence et de changer les intentions de départ selon son inspiration du moment, le scénariste puis son dessinateur ont jeté l'éponge.

On commence donc par le Spawn #256. Ce sont les dernières planches de Jonboy Meyers, qui fait le minimum syndical. Il est remplacé à mi-parcours par... Szymon Kudranski, qui revient déjà, fidèle, aider le boss. Et je dois avouer franchement que ce qu'il fait ici est tout à fait intéressant. Son style a évolué : il sonne plus informatique que photographique, et son trait lorgne plus vers un encrage travaillé. Je l'aimais d'habitude, mais là c'est excellent. Il faut dire que la scène qu'il illustre est particulièrement prenante et fort savoureuse.

On passe au #257. Toujours par McFarlane & Kudranski. Mais là, c'est décevant. Un épisode assez vide, et ce à tous les niveaux. C'est juste histoire de faire un épisode de plus, il ne s'y passe pas grand chose. McFarlane dans ses mauvais jours, et Kudranski n'a pas grand chose à se mettre sous la dent. Que des idées pourries, c'est bien naze. Heureusement qu'arrive ensuite l'intérêt principal de ce tome...

Todd McFarlane invite son collègue Erik Larsen, qui l'a suivi sur Spider-Man et pour Image, auteur complet de l'intégralité de sa création Savage Dragon, à le rejoindre sur la série pour l'évènement qu'il en en tête : Spawn versus Satan en Enfer avec comme enjeu Wanda. Ça commence par un #258 débridé : de la grosse baston menée tête baissée, ni plus ni moins. Un nouvel épisode inutile en soi... ce qui ne l'empêche pas d'être sacrément fun ! Car le style d'Erik Larsen, old school et puissant, massif et dynamique, fait toute la différence. Le défourayage devient ludique, avec son nombre infini de monstres aux looks variés, et l'utilisation avertie du costume.

On entre ensuite dans le vif du sujet : le fameux 'the Satan Saga Wars' ! Et là, scénaristiquement, ça fait mal. Car tout cet arc ne fait qu'exposer encore et encore la même chose : Spawn se frittant avec des démons. Sur la longueur, c'est donc redondant, lourd et ennuyeux. Ça ne vole vraiment pas haut, on a vraiment l'impression de revenir aux débuts d'Image : ça se tape dessus sans raison à longueur de pages, sans temps mort... mais pour y trouver un quelconque enjeu tangible auquel se rattacher, tintin ! McFarlane s'amuse, et le choix de Larsen est pertinent dans ce sens. Mais ça dure trop longtemps. Aussi, on ne retrouve pas spécialement les spécificités de l'Enfer que l'on a connu dans la série. Ici, c'est un décor générique, des personnages plus baraqués les uns que les autres mais clichés, et un Satan loin d'être mémorable. Ce dernier a certes une taille colossale, mais à part jouer à celui qui a la plus grosse, ça ne rime à rien. De plus, pourquoi change-t-il régulièrement d'apparence ?

On le voit, Todd McFarlane ne vise vraiment pas loin niveau scénario. Je comprends son envie, mais ce qu'il fait est tout sauf ambitieux. De la grosse baston dévastatrice à la Larsen dans un contexte infernal à la McFarlane, c'est marrant cinq minutes, mais sur cinq épisodes c'est épuisant. Surtout que le déroulé est plat et sans enjeu. J'aurais préféré une approche plus morale, qui aurait été plus intéressante, où alors taire ces textes pas des mieux écrits dont on se fout. On aperçoit pourtant ici et là de bonnes idées, mais jamais développées, ou quelques rares moments de calme entre nos deux amoureux, mais mal gérés. Ces quelques morceaux auxquels se raccrocher ne demandent qu'à servir de pivot pour la suite de la série. Mais l'on ne peut que constater que depuis sa reprise du titre au #185, Todd McFarlane ne retrouvera jamais toutes les qualités de sa série durant les années 1990 et 2000, par lui ou les autres talentueux auteurs ayant oeuvré dans cet univers.

Si ce n'est toujours pas le scénario de Todd McFarlane qu'il faut louer, délaissant toute la richesse passée pour curieusement avancer à l'aveugle, il faut considérer ce deuxième album pour sa partie graphique. Outre du bon Szymon Kudranski en intérim, l'alliance pourtant antinomique de Erik Larsen et Todd McFarlane vaut largement le détour. Larsen impose son style personnel, tandis que McFarlane rajoute ses petits traits. Le croisement improbable de ces deux caractères redonne un coup de fouet. Certes, l'histoire est gamine, mais bon sang, on en prend plein les mirettes. Et je dirais même que, en fait, celui qui est remarquable, c'est celui dont on n'a pas parlé : le coloriste Fco Plascencia semble s'éclater plus que jamais, avec des couleurs vives, texturées et détaillées. Un régal, de la belle œuvre, bien vu. Non mais regardez-moi ça, c'est de toute beauté, il transcende les planches, qui en ressortent avec une force tonitruante... (Le ponpon revenant à la première double splash-page du #256 : mama mia !)

Spawn : Renaissance tome 3 :
Sortie prévue le Mercredi 24 Mai 2017 - album librairie - collection Contrebande - éditions Delcourt
Couverture cartonnée de Erik Larsen - 6 épisodes - 144 pages - 15,95 €uros
Spawn créé par Todd McFarlane - Savage Dragon créé par Erik Larsen - Ant créé par Mario Gully
Contient les épisodes Spawn #263 à #266 et Savage Dragon #216 & #217 (de Mai à Octobre 2016)

Scénario, dessin et encrage : Erik Larsen et Todd McFarlane
Couleurs : Fco Placencia et Nikos Koutsis

Le pitch : « Todd McFarlane poursuit sa collaboration avec son partenaire co-fondateur d'Image Comics, Erik Larsen, le créateur de Savage Dragon. Changement de rythme et grand coup de fraîcheur pour Spawn, son personnage fétiche ! Après avoir mené la Grande Guerre Satanique en Enfer, Al Simmons est de retour sur Terre. Cette fois les anges ont disparu, les anges sont morts. Et notre Spawn est... humain à nouveau ! Et il semble doté de nouveaux pouvoirs, à moins - au contraire - qu'il n'en ait plus aucun ! Le Savage Dragon et Ant ne seront sans doute pas de trop pour venir l'aider à combattre un nouvel ennemi terrifiant ! »

Les couvertures originales (Erik Larsen & Todd McFarlane) :


Les premières pages :

Pour ce nouveau tome, Todd McFarlane et Erik Larsen poursuivent leur collaboration. Après avoir fait un long détour en Enfer, belle claque graphique à défaut de casser trois pattes à un canard scénaristiquement parlant, les deux auteurs changent aujourd'hui d'approche. Retour sur la Terre ferme, avec un Al Simmons redevenu humain. Ou presque, puisqu'il a réussi à garder un petit morceau du costume. Alors qu'il commence à retrouver ses marques, il va devoir faire face à l'émergence de plusieurs monstres. Pourquoi ? J'aimerais bien qu'on me l'explique, ma bonne dame !

Suite à ces épisodes, Erik Larsen a cessé cette collaboration, déclarant que Todd McFarlane modifiait à sa guise toutes ses idées. On a ici devant nos yeux le résultat concret. Larsen a tout de même une influence certaine, puisque l'approche est différente du reste de la série. Les changements sont nombreux, il apporte vraiment le ton de sa série Savage Dragon. Pas une mauvaise chose en soi. Mais, le hic, c'est que à mon sens ça ne colle absolument pas avec la série Spawn...

Le dernier mot revenant à Todd McFarlane, scénariste/éditeur qui ne peut jamais s'empêcher d'apposer sa patte, on a là une addition d'idées diverses et variées, qui ne forment aucunement un tout cohérent. Très loin de là, même. Les motivations et agissements de Al Simmons/Spawn sont ici totalement out of character. S'il y a le costume - et des évolutions franchement cool d'un point de vue esthétique, mais jamais exploitées -, c'est bien la seule chose reconnaîssable du titre. Parce que le reste, c'est du grand nimportnawak à tous les étages.

Pourquoi Al se lance-t-il dans cette mission injustifiée ? Pourquoi tout à coup des monstres débarquent à New  York ? Pourquoi l'existence de tous ces protagonistes semble ne choquer personne ? Faire d'Al/Spawn un héros, pourquoi pas, mais encore faudrait-il se donner la peine de le justifier. Or, toutes ses questions demeurent sans réponses. Du coup, on se demande quelque part ce que l'on est en train de lire. Une lecture qui devient à peu près incompréhensible, et de plus alourdie par un Todd McFarlane plus nul que jamais.

Du grand n'importe quoi ridicule, où les monstres colorés défilent sans logique claire, dans un scénario qui semble improvisé page après page. En mode automatique, personne ne se foule, c'est pénible à suivre. Côté graphique, Erik Larsen va à l'essentiel tout en gardant une certaine patte qui a de la gueule. Todd McFarlane encre à sa sauce ou redessine un peu, mais pas tout le temps, selon son humeur passagère. Fco Plascencia ne sait pas trop quoi faire avec cette combinaison artistique donnant un résultat mixte bizarre.

Cet album est celui du crossover de Spawn avec Ant et Savage Dragon. Encore des super-slips qui font tâche dans cette série, mais ça colle avec le gars Larsen. On a donc les deux épisodes de Savage Dragon signés Erik Larsen. Plus légers et avec un humour bien vu, un dessin plein de caractère et une colorisation rétro de Nikos Koutsis & Mike Toris qui lui sied admirablement. Sympa, mais ça ne sauve pas cet album de la médiocrité. On tombe là bien bas, à oublier, en espérant que la série remontera la pente ! Siou plaît...

C'est l'année prochaine / la semaine prochaine / Mercredi prochain (prenez l'info qui vous convient le mieux) que sortira le nouvel album VF de Spawn. Après le run d'Erik Larsen et avant celui de Jason Shawn Alexander, Todd McFarlane & Szymon Kudranski se retrouvent pour de nouveaux épisodes. Delcourt réunit cet arc dans un seul et même pavé. De quoi bien commencer l'année 2018.


Spawn : Renaissance tome 4 :
sortie pévue le Mercredi 03 Janvier 2018 - édition Delcourt - collection Contrebande
album librairie - couverture cartonnée - 176 ou 304 pages - 17,95 €uros
contient les épisodes Spawn #267 à #275 (9 épisodes - arc 'Hell on Earth' - de Novembre 2016 à Juin 2017)
Couverture de Hicham Habachi - Spawn créé par Todd McFarlane

Scénario : Todd McFarlane et Tom Leveen
Dessin : Szymon Kudranski
Encrage : Szymon Kudranski et Todd McFarlane
Couleurs : Fco Plascencia

Le pitch : « Après avoir collaboré avec son partenaire d'Image Comics, Erik « Savage Dragon » Larsen, Todd McFarlane reprend les rênes de sa série fétiche pour un nouvel arc narratif. Pour l'occasion il reprend également ses crayons...
Le nouveau costume de Spawn commence à se constituer. Reste à savoir si Al sera en mesure de maîtriser les pouvoirs qu'il renferme. Il est pourtant bien décidé à se lancer dans une croisade contre le mal encore présent sur Terre, à commencer par ces semeurs de mort que sont les dealers de drogue. Il fait face à ses plus grands et mortels ennemis... Sans parler des nouveaux qui ne manquent pas de surgir ! »

Preview :


Couvertures originales de Rafael Albuquerque, Jordan Butler, Faraz Shanyar, Hicham Habachi, Nivanh Chanthara, Ashley Wood, Todd McFarlane et Ramon Nunez :

Pas moins de 9 épisodes par les mêmes auteurs dans cet album de 216 pages pour 17,95 €uros de la part de Delcourt, ça vaut le coup. Une lecture conséquente donc avec cet arc écrit par Todd McFarlane qui accueille temporairement l'écrivain de romans Tom Leveen comme co-scénariste, tandis que le fidèle Szymon Kudranski fait son retour à la partie graphique. Si les couvertures, toutes bonnes mais signées d'inconnus, sont génériques, le récit lui retourne vers des caractéristiques dont on a l'habitude. Et même plus. Avec ses bons et ses mauvais côtés.

On va commencer par le bon. Todd McFarlane décide de faire plaisir à son lectorat en avançant sur deux points qui font plaisir. D'un côté, il retrouve des passages obligés qui ont toujours plu aux lecteurs mais qu'il avait abandonné depuis longtemps. On voit ainsi le retour de nombre de personnages secondaires mystérieusement longuement écartés. Et ça, ça donne la banane. Certains font une brève apparition, d'autres sont beaucoup plus développés, devenant bel et bien le sujet de cet arc. Et McFarlane ose ce que l'on attend de la série : il les fait évoluer drastiquement. Outre les scènes de dialogues propres au soap opera, figurent aussi des scènes d'action. Et des comme ça, cela faisait longtemps que l'on n'en avait pas vu. Explosives et tendues, quelque part cinématographiques, elles font sacrément leur effet.

D'autre part, Todd McFarlane nous surprend dans le bons sens du terme en faisant drastiquement évoluer son récit et ses personnages. Et ça, c'est particulièrement remarquable. On peut dire que même dans leur ensemble, les épisodes du jour démontrent une nette évolution des événements. Tout en maintenant son approche qui dure depuis quelque temps déjà dans une sphère sombre et réaliste, McFarlane n'oublie pas que sa création est au départ également une histoire fantastique. La série va ici clairement de l'avant, d'une telle façon que l'on n'espérait plus. Mais je ne spoilerai pas, je vous laisse découvrir ça à la lecture.

Bien que ce tome-ci soit une bonne surprise, il n'est hélas pas non plus exempt de défauts. Car McFarlane reste McFarlane. Le scénario semblant toujours improvisé au fur et à mesure, la narration n'est pas un modèle de limpidité. De la même manière, le texte lourd n'aide pas des dialogues qui du coup ne sonnent pas les plus naturels du monde, loin s'en faut. Bref, encore et toujours les mêmes scories. Des questions sont présentées, mais beaucoup sont laissées en plan et donc restent sans réponses. Même s'ils restent cool, pas mal d'éléments font forcés, demeurant sans vraiment d'explication logique.

Côté visuel, l'art de Szymon Kudranski a changé. Réaliste et photographique dans une atmosphère très sombre et efficace sur 'La Saga Infernale', il s'est ensuite hélas arrondi avec beaucoup moins de succès avec l'utilisation à outrance de l'outil informatique. Ici, heureusement pour nous, il allie ses deux extrêmes, pour un résultat à la fois figé et détaillé, profitant d'un encrage rugueux et de poses et cadrages certes mécaniques mais qui pour moi fonctionnent toujours aussi bien. L'artiste profite également de l'intervention de Todd McFarlane à l'encrage, qui appose son style selon son humeur... et franchement tout ça a de la gueule ! Ajoutez à ça la belle colorisation impliquée de Fco Placencia, dont le style une fois apprivoisé démontre ses qualités, et l'on a là une partie graphique certes fonctionnelle mais à mon goût suffisamment efficace.

En résumé, du bon et du moins bon. Todd McFarlane nous surprend en faisant évoluer son propos, ce qui est une aubaine pour nous. Mais il n'arrive pas à se séparer de ses travers narratifs, alourdissant la lecture. Loin d'être parfait mais sincèrement bienvenu. Et graphiquement, si la narration a des accros, c'est quand même réalisé avec sérieux et goût. Ne ratez pas ce nouveau tome de Spawn, l'album renfermant suffisamment de bonnes choses pour redonner le sourire. On ne retrouvera jamais l'enthousiasme d'antan, mais pour le coup, on y repense !

tu me tentes... pourtant j avais dit jamais plus jamais...

Bon, comme je dis, ça ne vaut bien entendu pas la qualité de la série telle qu'on l'a lu avant que Todd McFarlane reprenne la main en chamboulant tout en nous imposant Jim Downing. Mais il faut reconnaître que cette "Renaissance" amorcée à partir du #251 a le mérite de constamment proposer des évolutions. Ce qui, même si elles peuvent être maladroites, sont franchement les bienvenues. Après, il faut toujours se coltiner cette narration ponctuée d'accros, improvisée et qui ne forme pas un tout cohérent.

Enfin, c'est pas trop tôt ! Enfin le nouveau tome de Spawn : Renaissance arrive ! Plus d'un an après la parution du précédent, nous aurons alors une année entière de retard sur les États-Unis. Mais tant que la publication continue, on va essayer de ne pas trop se plaindre. Ce nouvel opus propose la traduction de l'arc 'Dark Horror' dans son intégralité. Soit celui entièrement réalisé par l'artiste complet Jason Shawn Alexander, recruté par Todd McFarlane pour injecter du sang neuf dans sa série. Bonne lecture...


Spawn : Renaissance tome 5 :
sortie prévue le Mercredi 27 Février 2019 - éditions Delcourt - collection Contrebande
album librairie - couverture cartonnée - format comics - 160 ou 176 pages - 16,50 ou 16,95 €uros
contient les épisodes Spawn #276 à #282 - arc 'Dark Horror' (de Juillet 2017 à Janvier 2018)
couverture de Jason Shawn Alexander - Spawn créé par Todd McFarlane

Scénario : Jason Shawn Alexander, Darragh Savage et Todd McFarlane
Dessin et encrage : Jason Shawn Alexander
Couleurs : Jason Shawn Alexander, Luis Nct et Fco Plascencia

Le pitch : « Todd McFarlane accueille un formidable nouvel artiste sur les pages de sa créature infernale, en la personne de Jason Shawn Alexander. À l'occasion de ce tout nouvel arc, Spawn se rend au Japon, dont la culture regorge de monstres, fantômes et autres créatures bizarres.
Spawn a convaincu Twitch de prendre en charge la sécurité de Cyan, alors qu'elle est prise en chasse par une entité malfaisante. Elle s'embarque pour le Japon, non sans avoir au préalable restauré l'intégralité de ses pouvoirs à Spawn et de lui avoir rendu son costume. Mais à peine arrivée au Japon, des phénomènes étranges se produisent autour de Cyan. Terry demande à Spawn de se rendre sur place afin de gérer la situation... »

Couvertures originales régulières et variantes de Jason Shawn Alexander, Todd McFarlane et Jonathan Hickman :



Lisez les premières pages (Attention SPOILERS et pour lecteurs avertis !) :

Nous avons enfin entre les mains le nouveau tome de Spawn : Renaissance. Comme d'habitude, l'édition de Delcourt est un bel objet, il sent bon, il a une jolie couverture cartonnée et du papier glacé. En bonus, toutes les couvertures régulières et variantes, et un récapitulatif de toutes les sorties de la série. Nous avons là les 7 épisodes de l'arc 'Dark Horror', marquant l'arrivée sur le titre de l'artiste complet Jason Shawn Alexander.

Changement de lieu. Changement de ton. Le glissement vers l'horreur sombre et adulte a été bien amorcé dans l'arc précédent, signé Todd McFarlane & Szymon Kudranski. Ici, la série embrasse cette approche dans son entièreté. Et ça lui sied parfaitement. Si la narration, qui s'éparpille, n'est hélas toujours pas le point fort de la série même ici, il faut avouer que c'est prenant. On est dans une horreur très marquée, baignée dans une ambiance malsaine qui fout les chocottes. Horreur humaine et horreur fantastique, créatures fantômatiques et gore extrême... bref, ça fait mal. Et c'est ça qui est bon : c'est ce que l'on aime retrouver quand on lit cette série.

Les images marquantes sont nombreuses dans cet album. Jason Shawn Alexander sait explorer le genre, entre codes de la culture du pays, visions craspecs à la Hellraiser et enfin retour d'éléments purement Spawnesques. En plus de cocher toutes les cases horrifiques, il n'oublie en effet pas non plus de réintroduire ou de développer des caractéristiques propres à la série et au personnage. Et ça, bien sûr, ça fait vraiment plaisir. Al Simmons/Spawn fait plus peur que jamais, et il se concentre aussi sur Cyan, qui se montre plus réceptive à la magie infernale que jamais, comme déjà amorcé dans l'arc précédent.

Dans le fond, les thèmes abordés sont pertinents, et jubilatoires pour nous les fans. Dans la forme, on ne peut par contre que constater que narrativement il y a toujours des accros. Mais le parti pris graphique, inédit, emporte heureusement l'adhésion. Si à première vue le style d'Alexander n'est pas évident, il se révèle in fine artistiquement percutant. Et complètement raccord avec le genre horrifique de la série. Une approche plus adulte, qui implique le lecteur, ne lésinant pas sur le nombre de cases, ainsi que des thèmes et images extrêmes et marquants. Un pur régal pour la rétine, où quelque part l'indéniablement laid devient terriblement beau. Ça a une sacrée gueule, c'est puissant, ça claque, c'est efficace.

En prenant le risque de vraiment faire évoluer sa série, Todd McFarlane fait plaisir à ses lecteurs. En apportant un regard neuf sur sa création, grâce au style graphique tranché de Jason Shawn Alexander, il ravi les fans. On a là ce que l'on est en droit d'attendre du titre. Il faudra maintenant continuer sur cette lancée, pour ne pas décevoir. Et donc... vivement la suite au prochain tome, vite vite !

Le tome précédent, sorti il y a un an, accueillait l'artiste Jason Shawn Alexander, pour une approche stylistique recentrée sur l'horreur pure, qui redonnait un coup de fouet à la série. On s'intéressait à Cyan, dans un cadre exotique. Avec ce nouvel opus, Todd McFarlane revient aux manettes du scénario, en gardant Alexander au dessin, et ce sur la durée. Le sommaire évoqué ci-dessous est une supposition de ma part, je n'ai pas vu d'information officielle avant sa parution : il contiendra a priori au moins cela. Alors que l'écart de temps ne cesse de se creuser avec le rythme de la version originale, on espère vraiment que l'éditeur se décidera enfin à rattraper le retard, n'est-ce pas...


Spawn : Renaissance tome 6 :
Sortie prévue le Mercredi 19 Février 2020 - album librairie - format comics - couverture cartonnée
éditions Delcourt - collection Contrebande - 160 pages - 15,95 €uros
contient les épisodes Spawn #283 à #288 (de Février à Août 2018)
Spawn créé par Todd McFarlane - couverture de Francesco Mattina

Scénario : Todd McFarlane
Dessin et encrage : Jason Shawn Alexander et Szymon Kudranski
Couleurs : Lee Loughridge, Jose Villarubia, Fco Plascencia et Jason Shawn Alexander

Le pitch : « Todd McFarlane et Jason Shawn Alexander ont su renouveler les aventures de Spawn, à l'aube de la publication du 300e numéro de la série. Monstres, fantômes et autres créatures bizarres sont sublimés par les ambiances sombres et glauques rendues par le dessin d'Alexander.
Spawn fait une halte en Syrie pour aider un ami ex-militaire à défendre son village des ravages de la guerre. Mais est-ce que la puissance de Spawn sera capable d'empêcher la destruction de ce village ? Spawn découvre également de nouveaux pouvoirs qui continuent de se manifester, tandis qu'une nouvelle incarnation du Violator apparaît. Pendant ce temps, Spawn reste sur la piste du meurtrier de son ex-femme... »

Couvertures originales régulières et variantes de Francesco Mattina, Todd McFarlane (couleurs de Moreno DiNisio, Frank Martin, Matthew Wilson, Owen Gieni, Annalisa Leoni, Nikos Koutsis et Jean-François Beaulieu), Szymon Kudranski et Jason Shawn Alexander :




Lisez les premières pages :

Le sommaire de ce nouveau tome de 150 pages correspond bien à ce que j'avais prédis. 6 épisodes de la série Spawn qui forment un arc. Après avoir laissé à peu près carte blanche à son nouvel artiste Jason Shawn Alexander lors du très bon précédent album, Todd McFarlane revient aux manettes scénaristiques de sa création. Grosso modo, Spawn se fait arrêter pour aller en prison, afin de trouver un protagoniste clé de l'assassinat de sa femme (événement évoqué au tome 1 mais jamais vraiment montré et expliqué, un comble, d'ailleurs), prison où il se fera méchamment torturé. Oui, ce résumé n'a en effet rien avoir avec celui diffusé par son éditeur, qui correspondrait plutôt je pense à ce qui suivra. Quoiqu'il en soit, cette histoire, si elle peut paraître quelque peu excitante dite comme ça, n'est en réalité pas si réussie que cela, bien au contraire.

On a plutôt connu Todd McFarlane ces dernières années comme surchargeant ses écrits. Là, c'est tout à fait l'inverse. Ce récit se retrouve conté de façon assez floue, car l'auteur n'explicite absolument jamais les motivations de son personnage principal, ni des autres d'ailleurs. L'action se passe tranquillement devant nos yeux, donc, à un rythme plutôt lent, sans jamais que l'on comprenne le pourquoi. Ce qui est quand même des plus frustrants à la lecture, vous en couviendrez. Il y a pourtant régulièrement de forts bonnes idées, on ne peut pas le nier. Mais au niveau de l'écriture, il faut avouer que c'est plutôt bas de gamme, assez catastrophique. Ce qui nous est conté paraît improvisé page après page, la narration semble alors être aux abonnés absents.

On se rattrape alors, quand c'est comme ça, avec la partie graphique. Ce qui est le cas ici, heureusement. Szymon Kudranski pond un épisode de transition ma foi bien efficace, avec un joli travail d'ambiance sur son Spawn, pour notre plus grand plaisir. Puis Jason Shawn Alexander revient à la manœuvre. Son art est un mélange de brut et de beauté, de chaos et d'imagination. Sa narration ne rattrape pas vraiment celle du scénariste, mais il compense par son style. On note ici et là de très belle scènes, ainsi qu'une imagerie aussi inventive que marquante. Ce tome 6 de Spawn : Renaissance n'en reste hélas pas moins un opus que l'on aura bien du mal à ranger dans le haut du panier de la série. Si visuellement ça a franchement grave de la gueule, l'histoire se révèle tout sauf bonne à tous les niveaux. On espère que la barre va vite se redresser... et que la suite arrivera bientôt !

Spawn : Renaissance tome 7 :
sortie prévue le Mercredi 19 Août 2020 - éd. Delcourt - coll. Contrebande - 160 pages – 15,95 €uros
Spawn créé par Todd McFarlane - couverture de Francesco Mattina
contient les épisodes Spawn #289 à #295 (de Septembre 2018 à Mars 2019)

Scénario : Todd McFarlane
Dessin et encrage : Jason Shawn Alexander et Szymon Kudranski
Couleurs : Lee Loughridge, Fco Plascencia, Brian Haberlin et Todd McFarlane

Le pitch : « Todd McFarlane et Jason Shawn Alexander ont su renouveler les aventures de Spawn, à l'aube de la publication du 300e numéro de la série. Monstres, fantômes et autres créatures bizarres sont sublimées par les ambiances sombres et glauques rendues par le dessin d'Alexander.
Spawn vient d'attraper sa première victime alors qu'il continue à rechercher les responsables de la mort de sa femme. Dans cet album, prélude au Spawn #300, notre héros doit décider s'il va laisser un de ses ennemis vivre jusqu'à ce qu'il puisse obtenir les réponses qu'il veut... Mais s'il le laisse vivre, des millions d'innocents mourront à sa place. Que faire et que choisir ? »

Couvertures originales régulières et variantes de Francesco Mattina, Todd McFarlane et Jason Shawn Alexander :




Lisez les premières pages :

Reçu cette semaine et lu hier soir.
D'abord, précision sur le sommaire. Celui que je vous met à chaque fois est à la base une spéculation de ma part. Sur ce coup, il s'avère qu'il y a 6 épisodes et non pas 7, donc le #295 n'y est pas. Puisque l'on parle de l'aspect éditorial, on peut dire que ce n'est pas parfait. Le texte du pitch ne correspond pas aux épisodes du jour. La galerie de couvertures en offre trois variantes mais fait l'erreur d'en reprendre cinq déjà imprimées dans le bouquin. Quant à la traduction, ça coince à quelques endroits, et on tombe même sur un morceau laissé vaquant avec écrit « manque trad » à répétition. Puisque l'on parle du texte, on va commencer cet avis en parlant du scénario.

Todd McFarlane est encore et toujours au scénario, donc. Ce qui veut dire qu'arrivent mes éternelles critiques, oui. Mais pas que. Le tome 4 était solide et foisonnant. Le tome 5 ce n'était pas lui en soi. Le tome 6 était léger et décompressé. Ce tome 7 contient à la fois ses qualités et ses défauts. On ne peut pas reprocher ici à Todd McFarlane de ne pas faire bouger sa série, bien au contraire. En effet, il se passe ici beaucoup de choses. Il fait revenir des personnages cultes, pas vus depuis longtemps sur le titre. Ce qui fait qu'il y a une continuité, même si avec lui elle est quand même fortement aléatoire. Il en crée aussi de nouveaux, à la fois énigmatiques et charismatiques.

Les scènes fortes et intéressantes sont légion et se suivent. Il est alors dommage que l'auteur ne sache pas les inscrire dans une narration fluide et limpide. En restant encore et toujours vague dans ses écrits, en omettant volontairement des enchaînements explicatifs, il rend une lecture très chaotique, où son texte pourtant généreux est soit évasif au possible soit saccadé sans aucun suivi. Tout cela est frustrant comme jamais. Pourtant, McFarlane a incontestablement de l'ambition, surprenant en balançant des idées nouvelles à rythme soutenu (et des bonnes, franchement, je ne vous spoile rien, vous verrez), changeant mine de rien régulièrement le statu quo de son histoire de façon franche. Mais il lui manque cruellement, pour monter en qualité, un éditeur concerné qui maintienne la série dans une continuité sans faille, et un dialoguiste additionnel qui lisse tout cela pour un confort de lecture optimal.

Des bonnes intentions indéniables dans le fond et du raté dans la forme, donc. On se rattrape alors avec la partie graphique, bien entendu. Et c'est incontestablement le cas, comme d'habitude avec cette série, quel que soit l'artiste au travail, qui nous offre toujours un spectaculaire résultat pour nos yeux ébahis. Jason Shawn Alexander prend sa tâche au sérieux et s'éclate, pour notre plus grand plaisir. Que cela soit les scènes de dialogues, d'horreur ou de castagne, son style crasseux s'accommode sans problème à tout cela. C'est efficace et jubilatoire, avec autant de mises en pages dynamiques que d'images qui marquent la rétine et restent en mémoire.

Deux des six épisodes de cet opus sont illustrés par Szymon Kudranski, qui fait un retour aussi court que remarquable. L'artiste signe deux épisodes sans faille. Son trait réaliste et noir, posé et détaillé, associé à sa narration simple et solide, fait mouche. Et ses quelques double-pages composées de purs crayonnés anatomiques et libérés vous surprendront par leur foisonnement. Du tout bon à tous les niveaux de ce côté-là, donc. En bref, la série ne manque absolument pas en ce moment d'intérêt ; il est dommage alors que son créateur ne fasse rien pour effacer ses carences formelles, faisant toujours de la lecture un exercice laborieux.

C'est Mercredi prochain que débarquera le nouvel opus de Spawn. Toujours servi par Todd McFarlane & Jason Shawn Alexander, il se finira par l'épisode anniversaire, événement et triple #300 - avec ses artistes invités. L'écart avec la parution originale est alors d'un an et demi, ce qui fait que l'éditeur à quand même deux albums suivants à publier facilement s'il le veut. M. Thierry Mornet, nous ne serions pas contre le fait que vous rattrapiez ce retard conséquent qui perdure... Ben oui, quand on est fan, on veut lire ! Bon, je vous laisse comme d'hab' avec les infos, en attendant la sortie... l'acquisition et la lecture !


Spawn : Renaissance tome 8 :
sortie prévue le Mercredi 07 Avril 2021 - éditions Delcourt - collection Contrebande
album librairie format comics couverture cartonnée - 208 pages - 17,50 €uros
Spawn créé par Todd McFarlane - couverture de Jerome Opena
contient les épisodes Spawn #295 à #300 (de Mars à Septembre 2019)

Histoire : Todd McFarlane et Jonathan David Goff
Dialogues : Todd McFarlane et Scott Snyder
Dessin : Jason Shawn Alexander, Greg Capullo, Todd McFarlane, J.Scott Campbell et Jerome Opena
Encrage : Jason Shawn Alexander, Todd McFarlane, J. Scott Campbell et Jonathan Glapion
Couleurs : Fco Plascencia, Greg Menzie, Brian Haberlin, Peter Steigerwald et Matt Hollingsworth

Le pitch : « La série créée par Todd McFarlane en 1992 fête ici son 300e numéro. Ce nouvel opus contient cet épisode extraordinaire à la fois par son contenu, mais aussi par les auteurs qui rejoignent le créateur de Spawn. Il aura fallu attendre 27 années de publication ininterrompue de la série pour parvenir à ce Spawn #300 ! Pendant tout ce temps, Spawn a combattu de manière incessante les hordes de l'Enfer et des Cieux, et pourtant quelque chose d'encore plus monumental se prépare. Il comprend qu'il ne pourra pas poursuivre seul cette guerre. Ses pouvoirs et son look se sont modifiés... »

Toutes les couvertures originales - par Francesco Mattina, Todd McFarlane, Greg Capullo, J. Scott Campbell, Jerome Opena et Jason Shawn Alexander :





Lisez les premières pages :

Le tome 7 de Spawn : Renaissance était fanchement bien. Jason Shawn Alexander et Szymon Kudranski en très grande forme. Et un Todd McFarlane qui fait évoluer sa série plus que jamais, dans des avancées ambitieuses, avec plein de bonnes idées. Bon, après, il y a toujours ce problème de narration : ce n'est pas des mieux raconté et les dialogues ne sont pas des mieux écrits. Cela gêne donc un peu la compréhension et le plaisir immédiats, mais la qualité est pourtant bel et bien présente à tous les niveaux. Un bon morceau, bien rempli et généreux comme jamais, qui faisait qu'on ne pouvait qu'être impatient de lire la suite. Qui vient de sortir cette semaine. D'où lecture.

Le premier épisode, le Spawn #295, conclut l'arc entâmé précédemment. C'est très grâtiné, et c'est jubilatoire pour les vieux lecteurs, avec des nouveautés et des imprévus en pagaille dont vous me direz des nouvelles. McFarlane s'éclate, et Alexander aussi. Les deux épisodes suivants, les #296 et #297, sont l'occasion pour l'auteur de re-raconter l'histoire de sa création, son personnage et sa série. Un rappel finalement pas inutile, car en faisant cela, il relie les éléments marquants. Ça fait toujours du bien de se rappeler tout ça, et c'est aussi l'occasion pour Alexander d'offrir des doubles splash-pages icôniques (comme au temps du maître Greg Capullo). On enchaîne ensuite avec un autre petit arc composé de seulement deux épisodes, à savoir les #298 et #299. Si la réapparition de personnages pas vus depuis belle lurette tombe un peu comme un cheveu sur la soupe, là aussi les choses avancent à grands pas, avec une tension et des confontations d'une efficacité redoutable. L'auteur avance ses pions, on commence à y voir plus clair dans son jeu de longue haleine, tout en continuant à garder une grosse part de mystère. On remarque par contre qu'Alexander bâcle un peu, est en deça de sa prestation précédente sur la série.

Le gros morceau de ce tome, c'est bien entendu le tant attendu épisode anniversaire compte triple Spawn #300. Déjà pris en V.O. (voir le sujet dédié), je le lis ici enfin en V.F. Culmination de tout ce que l'on vient de lire précédement, il regorge de retournements capitaux et de scènes mémorables, bref une enfilade de surprises à même de faire jubiler les fans hardcore que nous sommes. McFarlane, même s'il s'éparpille, réussit mine de rien à bien tenir sa barque. À la partie graphique, il a invité quelques artistes stars des comics. À commencer par le retour du messire Greg Capullo, qui vient ici éclabousser de son talent une bonne trentaine de planches. Des scènes avec des ambiances variées, avec divers personnages, toutes contées avec moultes cases et points de vue, dans une narration dynamique et un souci du détail parfait comme on lui connaît. Il est encré par McFarlane, les deux reformant ainsi leur dream team comme à la belle époque. C'est prenant et génial, avec une montée en crescendo pas piquée des hanetons, jusqu'à un climax badass en diable. Le Paradis, purement et seimplement.

Capullo n'est pas seul. Il est suivi par McFarlane lui-même, pour une courte séquence de dialogues écrits par Scott Snyder venu en touriste, une scène parallèle à l'épisode précédent. Alexander, l'artiste régulier du titre, est là aussi. Puis vient la star J. Scott Campbell, qui réalise des planches intérieures travaillées, ce qu'on ne l'a pas vu faire depuis de nombreuses années, se contentant d'enchaîner les variants covers racoleuses avec grand succès. On peut se demander pourquoi ramener ces personnages-là pour en faire ça aussi rapidement, mais pourquoi pas, même si plus de développement n'aurait pas été superflu. Enfin on conclut par deux petites pages de Jerome Opena, bien mystérieuses. En tous cas, que ce soient les épisodes précédents ou celui-ci, on ne peut pas dire que McFarlane ne soit pas inspiré sur sa création actuellement. Même si c'est raconté de façon un peu chaotique avec des dialogues sybilins. Bien que la générosité de ces derniers soit toujours bonne à prendre. Et, comme toujours, la qualité graphique, que cela soit les dessins ou la colorisation, est artistiquement excitante et de caractère.

Cette édition française contient son lot de couvertures originales, des bonus qui font plaisir bien sûr. On regrette par contre les erreurs de texte grossières qui apparaissent encore dans la partie éditoriale, qu'il serait bon de corriger. Mais que cela ne nous empêche pas de profiter de nous plonger pleinement dans cet univers, d'autant plus qu'il bouge remarquablement. Comme à chaque fois, on attend impatiemment de pourvoir découvrir la suite, surtout en ce moment. La série US ayant en gros un an et demi d'avance, soit déjà de quoi remplir deux tomes, on ne peut que croiser les doiqts pour que l'éditeur se décide à accélerer légèrement son rythme de parution. Ben oui, parce qu'on à faim !

Enfin la suite de la traduction française de la série Spawn. Au sommaire du 9ème tome de Spawn : Renaissance : l'épisode #301 double qui bat le record de longévité pour une série indépendante, le dernier arc de Jason Shawn Alexander, et celui de Philip Tan. Le tome 10 nous offrira celui de Ken Lashley, l'épisode de Jim Muniz, et les premiers de Carlo Barberi, l'artiste actuel. On va d'abord relire le précédent, et se concentrer sur la sortie de celui-là. Et on va lire ça une fois entre les mains avec attention et plaisir non feints. La publication française accuse hélas toujours un lourd retard, qui est à ce jour d'un an et demi ! Et c'est sans compter sur les nombreux titres spin-offs apparus en 2021...


Spawn : Renaissance tome 9 :
Sortie prévue le Mercredi 12 Janvier 2022 - éditions Delcourt - collection Contrebande
album librairie cartonné couleur format comics - 208 pages - 16,95 €uros
Spawn créé par Todd McFarlane - couverture de Jerome Opena
contient les épisodes Spawn #301 à #307 : arcs 'Hell Hunt' et 'Prophecy of Death' (d'Octobre 2019 à Juin 2020)

Histoire : Todd McFarlane, Jonathan David Goff et Philip Tan
Dialogues : Todd McFarlane
Dessin : Todd McFarlane, Jason Shawn Alexander, Philip Tan, Greg Capullo, Clayton Crain et Jerome Opena
Encrage : Todd McFarlane, Jason Shawn Alexander, Philip Tan, Jonathan Glapion et Daniel Henriques
Couleurs : Peter Steigerwald, Fco Plascencia, Greg Menzie, Sunny Gho, Clayton Crain, Matt Hollingsworth, John Rauch, Jay Fotos et Jay David Ramos

Le pitch : « La série créée par Todd McFarlane en 1992 se poursuit avec son créateur de retour au dessin ! Spawn fait une nouvelle fois face au Ciel, à l'Enfer et à leurs représentants sur Terre. Mais Spawn décide cette fois-ci de changer la donne. Devenu le Roi des Morts, il se débarrasse des forces du Ciel et de l'Enfer dans une explosion aux répercutions planétaires. De nouvelles menaces avancent dans l'ombre et promettent de mener la vie dure à Spawn. »

Lisez les premières pages (Attention SPOILERS !) :


Les couvertures originales par Todd McFarlane, Greg Capullo, Jason Shawn Alexander, Clayton Crain, Jerome Opena, Francesco Mattina, Alex Ross, Bill Sienkiewicz, J. Scott Campbell et Philip Tan :

Le Spawn #301 est moins marquant que le #300. Il est plus court, certes, il s'y passe donc moins de choses. On n'a juste que quelques dessins de Greg Capullo. Le récit de Jason Shawn Alexander est bien sympa. Celui de Todd McFarlane on est content de le retrouver au dessin, parce que sinon cette scène tombe comme un cheveu sur la soupe sans explication. Celui de Clayton Crain est à mon sens le meilleur, que cela soit le scénario ou surtout bien sûr la peinture de l'artiste, magnifique, qui flatte la rétine. Mais on peut y reprocher la même chose que sur les précédents - et les suivants : il y a des bonnes idées mais pas du tout développées. Au contraire, c'est rapidement expédié, ce qui est terriblement frustrant. On le verra, de ces scories scénaristiques-là, il y en a à ô hélas la pelle...

Les épisodes #302 à #305 forment le dernier arc illustré par monsieur Jason Shawn Alexander. S'il expédie un peu plus vite ses planches qu'à ses débuts sur la série, il n'en reste pas moins que ça garde une sacrée gueule. Je ne sais pas vous, mais personnellement, je vais le regretter : je trouve qu'il a beaucoup apporté dernièrement à la série. On retrouve aussi quelques planches de Todd McFarlane pour quelques scènes. Qui sont placées n'importe où et plutôt inutiles d'ailleurs, car bien trop frontales. Ne vous attendez pas à le retrouver en forme, car malgré son acharnement, il n'a plus le mojo, surtout niveau narration. La narration, voici justement là où le bât blesse actuellement, et c'est peu  de le dire : c'est on ne peut plus évident dans ce tome - ça fait mal, c'est la honte, bouh Toddy caches-toi !

Oui, Todd McFarlane veut écrire sa création. Non, il ne sait pas du tout où il va. (Et il ne s'en cache pas vraiment, si vous lisez bien les textes.) Tout semble totalement improvisé, scène après scène - pourtant bonnes -, sans aucune ligne directrice précise. Le gars navigue à vue, il ne sait pas où aller, mais il y va. Une improvisation de tous les instants, où il ne tient même pas compte de l'historique de sa série, et de ce qu'il a écrit précédemment. En découlent des erreurs de continuité en pagaille, quand ce n'est pas pire. Il nous pond de sacrées bonnes idées, vraiment pertinentes, qui ne demandent qu'à être développées... mais les oublie d'un revers de la main aussitôt après ! Un grand dommage, attestant d'un amateurisme éhonté, et encore, on n'a pas parlé des personnages qui apparaîssent là comme un cheveu sur la soupe, sans explication aucune ! (Même les couvertures, marquantes, avancent des protagonistes qu'on ne retrouve même pas dans les pages...)

C'est grandement dommage, en effet, car s'il y avait une réelle structure, s'il y avait un développement normal de toutes ces péripéties, on y gagnerait en clarté. Et en plaisir de lecture. Car ce ne sont pas les dialogues, que McFarlane aime pourtant écrire de façon généreuse, qui vont nous aider beaucoup : variant entre vide abyssal et non-dits qui tournent autour du pot sans jamais rien nous apprendre, ils sont là aussi plus irritants que jamais. Le pompon reste le dernier arc de cet opus : les deux épisodes #306 et #307 dessinés par Philip Tan. On l'a connu minutieux sur ses excellents passages de Spawn et Spawn: Godslayer ; il fait maintenant dans le in-your-face qui tâche façon 90's. Pourtant, ça dégage une force certaine, c'est puissant, c'est badass. Mais franchement... je mets au défi quiconque de comprendre quoi que ce soit à ces deux épisodes autres, complètement what the fuck. Non mais allo, quoi ! Bref, trop de mystère tue le mystère, on n'y comprend rien, on n'arrive pas à raccrocher les wagons, ce n'est que fautes...

Globalement, ça ressemble à un triste constat, hein ? Malgré cela, on attend la suite. On sait que la lecture grince, que l'on ne retrouveras plus la qualité de la série qui n'était que du bon jusqu'au #185 qui casse volontairement tout (il y a aussi des bons moments après, hein, mais ce n'est absolument plus pareil, il faut l'avouer), que McFarlane n'est plus ce qu'il était (il gagnerait à se faire assister, pour le bien de tous), qu'il nous la joue Spider-Verse avec ses Spawns en omettant d'en donner une raison palpable... Mais ses productions ont au moins le mérite de proposer des graphismes qui sont toujours le haut du panier.