Voici un nouvel épisode anniversaire de notre série fétiche
Spawn. Le
#100 par Brian Holguin & Greg Capullo, qui comptait 30 pages, était marquant par ce qu'il s'y passait, avec Spawn se battant en Enfer, avec artiste déchaîné et morts de personnages cultes. Le
#200 par Todd McFarlane & Michael Golden (et consorts), d'une 50aine de pages, est à la relecture pas mal non plus, bien qu'il s'agisse de Jim Downing qui se fait laminer dans une ruelle sombre - tout de suite moins flamboyant. Qu'en est-il maintenant de ce
#300 encore plus conséquent, annonçant le retour d'artistes légendaires et la participation d'autres invités - qui, une fois n'est pas coutume, est à suivre dans le suivant ?
Spawn #300 :Sorti le Mercredi 04 Septembre 2019 - Image - 76 pages - 7,99 dollar$
couvertures de Todd McFarlane, Greg Capullo, J. Scott Campbell, Jerome Opena et Jason Shawn Alexander
Spawn créé par Todd McFarlane
Scénario : Todd McFarlane et Scott Snyder
Dessin : Todd McFarlane, Greg Capullo, Jason Shawn Alexander, J. Scott Campbell et Jerome Opena
Encrage : Todd McFarlane, Jason Shawn Alexander, J. Scott Campbell et Jonathan Glapion
Couleur : Fco Plascencia, Brian Harberlin, Peter Steigerwald et Matt Hollingsworth
Parmi la pléiade de couvertures proposées, toutes plus puissantes les unes que les autres, il a fallut faire un choix. J'ai porté mon dévolu sur celle de Greg Capullo, la C, que je trouve la plus belle. Le comic est plus épais que les autres, il compte pas moins de 76 pages. Superbe papier glacé. Aucune pub. Les bonus, ce sont : un court texte de Todd McFarlane sur 1 page, les couvertures de tous les épisodes reprises en petit étalées sur 4 pages, quelques exemples des différentes étapes de réalisation de planches sur 2 pages, un teaser du #301, et bien sûr les crédits. Le numéro consiste en une histoire principale qui tient la moitié de la pagination, suivie de cinq récits annexes illustrés chacun par un artiste différent.
Lire cet épisode en V.O. est un peu particulier. Dans le sens où je suis la série au rythme de la publication VF, qui est faite par les éditions Delcourt en album librairie. À ce jour, nous avons... un an et demi de retard sur la parution originale ! M. Thierry Mornet, s'il-vous-plaît, je vous prie si possible d'accélérer un peu ça pour nous les fans, il y a du matériel d'avance... alors annoncez vite le(s) prochain(s) tome(s) de
Spawn : Renaissance ! Vous l'aurez ainsi compris, là où je veux en venir, c'est qu'il y a un trou de lecture entre là où l'on en est en VF, et ce
Spawn #300 V.O. Je n'ai donc pas lu ce qui précède. Qui semble avoir retrouvé la qualité d'antan. Et a priori, il s'en est passé, des choses. Des retours de personnages, notamment. Mais cet avis étant garanti SANS SPOILERS, je ne vais pas m'éterniser là-dessus. Intéressons-nous désormais de plus près à ce numéro événement.
Comme je le disais, la première moitié est dessinée par Greg Capullo, qui gratte ainsi une bonne 30aine de pages. Oui, pas une participation en mode mineur : il illustre la majorité de ce numéro, et pas des moindres. Comme vous le savez, Greg Capullo est, après les débuts signés Todd McFarlane himself, l'artiste majeur de la série
Spawn. Celui qui aura imposé le plus son style enlevé et détaillé, aux poses audacieuses et à la narration dynamique. On ne le présente plus, ni ses innombrables qualités. Lui succèderont des noms comme Angel Medina, Philip Tan, Brian Haberlin, Whilce Portacio, Szymon Kudranski, Jonboy Meyers, Erik Larsen et Jason Shawn Alexander... Mais revenons à nos montons ! Greg Capullo, donc. Alors qu'il travaille actuellement chez DC sur du Batman, a répondu à l'appel de son ami Todd, et a pondu toutes ces planches. En attendant l'épisode suivant aussi. Du travail bâclé, ou s'est-il montré à la hauteur ? La deuxième réponse !
La première scène marque par sa montée crescendo dans l'horreur, contée avec moult détails et cases. On entre ensuite dans le vif du sujet. L'artiste retrouve vite ses marques, pour notre plus grand plaisir. C'est comme à l'époque, on retrouve tout ce que l'on aime chez lui. Et de même sur les personnages emblématiques, dont bien entendu Spawn. Le protagoniste en titre a de nouveau une stature, une prestance comme il est le seul à lui donner. S'ensuit une bagarre à la mise en scène mémorable, là aussi comme dans nos souvenirs. Et le gore n'est pas en reste, ce n'est pas contenu, pas de censure, c'est in your face, ça n'y va pas de main morte, à ne pas mettre devant tous les yeux. Et ce que fait Al Simmons dans les dernières pages est d'une fulgurance folle, de la même à prouver que le titre en a encore sous la semelle, et pas qu'un peu. Attention les yeux, voilà une nouvelle transformation surprise particulièrement badass et mémorable.
Todd McFarlane illustre le récit qui suit, intitulé
'Redemption'. 6 pages où Spawn et le Redeemer s'affrontent dans un décor vide, situé avant dans l'arc précédent. C'est en mode mineur, ça n'apporte rien, et l'écriture de Scott Snyder non plus. Tout ça pour ça, la collaboration et la participation des deux aboutissent à du vide inutile. Passons.
Jason Shawn Alexander, l'artiste actuel de la série, illustre les 9 pages de
'Lost & Found'. Située en parallèle du récit principal, cette scène s'intéresse aux autres personnages (pas encore revus, puisqu'il s'agit des épisodes inédits en VF). Le style très personnel du gars, associé à une colorisation qui lui va comme un gant, tire son épingle du jeu.
Les 9 pages suivantes,
'Omens', sont signées de J. Scott Campbell. Le dessinateur star, qui s'est fait connaître sur
Gen 13 et
Danger Girl, est un incontestablement un incontournable des comics. Son trait sexy fait vendre, et cela fait longtemps qu'il ne se cantonne qu'à des couvertures. Sa participation à cet épisode anniversaire est donc un événement. Et ce qu'il a fait là n'est pas du petit jeu, bien au contraire. S'intéressant également à d'autres personnages du Spawnverse, son récit est long et dense. Il se fait plaisir, donnant son interprétation d'un grand nombre de personnages de l'univers. Son style dynamique fait des merveilles, du très bon boulot.
On finit par les 2 dernières pages,
'Prophecies', par Jerome Opena. C'est peu, mais ça ouvre vers une suite que l'on a hâte de lire.
Donner envie, c'est aussi ce que réussissent à faire tous les autres récits que constituent ce numéro. Car ils ont tous un point commun : de se finir par l'apparition surprise d'un nouveau protagoniste. Ou plutôt de la nouvelle incarnation d'un ancien. Et dans tous les cas, ça vaut son pesant de cacahuète, faisant élargir en grand les yeux des lecteurs. Même s'il y en a deux badass, et deux... kitch, il faut bien l'avouer. Bénéficiant de dessinateurs tous en très grande forme qui prennent leur travail avec sérieux, aux styles aussi différents que pertinents, se fondant parfaitement dans le moule de la série, et d'une colorisation à la fois sombre et lumineuse, qui convient là aussi parfaitement au titre, tous ces récits sont encrés et surtout écrits par Todd McFarlane. Alors, si de prime abord il semblait acquis qu'on allait se régaler au niveau visuel, qu'en est-il finalement de la qualité du scénario ?
Eh bien en plus d'être un régal graphique,
Spawn #300 est aussi du bon au niveau de l'écriture. Si le texte est encore et toujours parfois maladroit, on ne peut que constater que la prestation de Todd McFarlane à ce poste-ci ne lui vaut aucun reproche majeur. Il prouve qu'il a encore des choses à dire, qu'il a encore de l'imagination pour poursuivre sa création. Il s'était égaré avec le très (trop) long arc sur Jim Downing, conté à un rythme décompressé et avec un texte lourd, posant beaucoup plus de questions que de réponses. Nous privant de tout ce qui faisait la saveur de la série, ses éléments et personnages récurrents que l'on aime tant. Il a récemment repris ses esprits, revenant à ce qui faisait sa qualité, ce qui accrochait ses lecteurs. On le voit ici : les personnages et cet univers évoluent. On retrouve le foisonnement, marque de fabrique de la série. Le lecteur ne peut donc qu'être happé, et avoir envie de lire la suite. Pari réussi pour Todd McFarlane qui, associé à sa bande de très bons artistes, a retrouvé son mojo et celui de sa série ! Vivement le
Spawn #301 dans un mois, tiens...
- Duke_Oliver -