- Avis garanti sans spoilers ! -
Spawn #200 :
Le voici, l’épisode dit anniversaire, repoussé de plusieurs mois pour cause de retard croissant de la série, et disponible dans la langue de Molière seulement deux semaines après sa sortie sur le continent américain. Un épisode de plus de cinquante pages, avec quelques auteurs invités, censé célébrer la longévité de la série de Todd McFarlane et augurer de nouvelles aventures, alors que selon moi on elle s’inscrit actuellement dans une période loin de faire partie des beaux jours du titre.
Le prologue de quatre page signé Robert Kirkman est peut-être ce que j’ai préféré de cet épisode. L’auteur nous conte l’origine de l’Omega Spawn (grand méchant de Image United et qui est utilisé par McFarlane dans sa série) tout en comblant quelques vides suivant le suicide d’Al Simmons dans le #185. Autant de réponses apportées que de questions laissées en suspens, finalement, mais c’est suffisamment efficace pour que je m’en contente. Et puis, l’alliance Kirkman/McFarlane à la partie graphique est de tout beauté, remarquable.
Le reste de l’épisode, lui, est hélas moins surprenant. Et même, est presque gênant.
Car il consiste en une interminable baston entre la brute épaisse Omega Spawn et les protagonistes laissés à la fin de l’épisode précédent. Il ne s’agit que de cela, et seulement dans un décor unique, une ruelle. Tu parles. Visuellement, niveau grandeur, vous conviendrez que c’est limité. Et il faut dire que pour un épisode vendu comme énorme, ça le fait pas trop.
Et dans le même registre de choix qui rate le coche, Todd McFarlane a volontairement étiré à l’extrême son épisode, en y apposant histoire de faire passer le temps et de nous faire croire que c’est capital, des dialogues hélas pour la plupart soit trop forcés pour être honnête (ce qui peut même parfois être ridicule), soit être bien trop hasardeux dans le genre ‘cher lecteur tu vas lire plein de révélations mais en fait non parce que je vais rester quand même bien flou pour que tu sois intrigué et que tu achète la suite, mais en fait c’est même pas sûr que je connaisse le plan moi-même’ (ouf) que l’on reste indubitablement sur notre faim.
Car oui, Todd McFarlane fait bel et bien mine d’inclure des révélations fracassantes, mais il reste tellement en surface, que la plupart n’apporte que d’autres couches de mystères. Et vu comme c’est formulé, je ne suis sincèrement pas sûr qu’il sache vraiment où il mène sa barque. Un sentiment déjà ressenti dans sa nouvelle approche depuis le #185, avec plein d’éléments introduits, et même je l’avoue parfois pas inintéressants, mais que l’auteur n’a pas pris la peine de continuer à développer. Ce qui est désarçonnant. Je me demande vraiment s’il sait où il va. Parce que déjà dégager vite fait mal fait son personnage principal, Al Simmons, surtout en brisant un run passionnant, c’est la plus mauvaise idée qu’il aie jamais eu, mais si en plus il a fait ça sur un coup de tête sans avoir de vue d’ensemble cohérente, là je dis non !
Pour revenir à l’épisode du jour, je disais, les révélations qui nous sont exposées ne sont à mes yeux pas suffisamment inattendues pour nous clouer sur le fauteuil (mine de rien, le #196 était meilleur à ce niveau-là), et de plus s’inscrivant dans un run quand même sacrément ennuyeux pour ne pas dire sans intérêt, cet épisode anniversaire n’a pas la force comme le voudrait McFarlane. Il ne s’y passe finalement pas grand-chose malgré tous ses efforts pour nous faire croire le contraire, et de toute façon la lenteur de son run depuis le #185 est totalement en sa défaveur. J’ai du mal à m’y intéresser, même si certains épisodes sont plus sympa que d’autres.
Pour ce qui est de la partie graphique, maintenant, il y a à boire et à manger - mais dans l'ensemble, ça le fait. Ca vacille entre de très belles cases ou pages et des moments moins inspirés. Même si redondante et pas du tout captivante de par sa nature, la baston en continu que constitue cet album n’est pas non plus à jeter aux oubliettes, ce n’est pas laid. La qualité varie selon l’intérêt et l’acharnement de Todd McFarlane à l’encrage. On a aussi bien droit à des cases de top niveau qui nous font nous souvenir de son travail de l’époque an tandem avec Greg Capullo, qu’à d’autres où il ne fait quasi rien. Ainsi, il est difficile de déchiffrer qui à fait qui, et ça aurait d’ailleurs été une bonne chose d’avoir des crédits précis.
Sam & Twitch: The Writer #2 :
Deuxième partie de cette mini-série que l’on doit aux italiens Blengino & Erbetta, crée sous l’ère Semic. Cela fait du bien de lire un épisode entier, et non la moitié d’un comme ç’a été le cas avec le #1. Même si j’ai trouvé certaines clés du scénario un peu confuses et que l’histoire s’appréciera mieux avec une lecture de l’ensemble des quatre épisodes, je ne peux que constater le sérieux avec laquelle cette entreprise a été réalisée.
Le scénario est intéressant, les dialogues travaillés et surtout les caractères des divers personnages très bien fouillés. Ils ont tous leurs personnalités propres, ce qui les rends chacun unique, une vraie caractérisation qui fait plaisir à lire. On pourrait même lire les textes sans les images que l’on comprendrait qui prononce les mots.
Le dessin n’est pas en reste niveau qualité, il est à la fois clair et construit, fluide et détaillé. Pas besoin de tonnes de traits pour afficher un graphisme plaisant, une narration réfléchie fait toute la différence. Et nos auteurs en remontrent même ainsi aux américains, ça c’est de la bonne BD. Et allié à une superbe colorisation qui épouse harmonieusement le trait, ajoutant une atmosphère aux qualités plastiques plaisantes, nous avons là de très belles choses à regarder. Bref, c’est du bon.
Le reste du magazine :
Le texte de Todd McFarlane est aussi diplomate que trop concis.
La preview de Spawn #201 laisse augurer un graphisme remarquable signé Szymon Kudranski, si ce n’est un scénario dans la continuité de ce que Todd à commencer avec le #185.
L’abécédaire est une bonne idée mais m’a déçu. Il aurait fallu qu’il soit au plus proche de l’exhaustivité pour réellement remplir son objectif.
La double-page centrale n’est pas une mauvaise idée en soi… eh mais attendez, z’avez vu l’image subliminale ? Excellent !
La couverture exclusive de Todd McFarlane… Autant de loin elle a un minimum de gueule, autant de près… le père Todd a plus fait un croquis qu’une vraie illustration. Du foutage de gueule ? L’initiative est tellement rare et sympa, que pour le coup, je lui pardonne !
-Duke_Oliver-