SPAWN : Édition Spéciale 30e Anniversaire

En 2022, ce sont les 30 ans d'Image Comics, et aussi de la série Spawn. À cette occasion, Delcourt propose en Mai, le mois du 30ème anniversaire, un album exclusif. Cette compilation, se proposant de replonger dans les débuts de la série, réédite les 15 premiers épisodes, c'est-à-dire ceux intégralement signés de son créateur Todd McFarlane. Mais aussi des bonus inédits, dont les planches du premier épisode commentées, des croquis préparatoires d'époque, une préface exclusive de McFarlane, etc... Tout cela dans un album au format prestige - équivalent des Deluxe chez Panini et Rebirth chez Urban. Si vous les avez déjà dans leurs précédentes publication chez Semic, Béthy ou Delcourt, cette opportunité marquante n'est pas non plus à exclure : regardez, moi, j'ai décidé de me faire plaisir en franchissant le pas ! Bonne re-re-re-relecture à tous, donc.


Spawn : édition spéciale 30e anniversaire :
sortie prévue le Mercredi 11 Mai 2022 - éditions Delcourt - collection Contrebande
album librairie cartonné couleur format prestige - 416 pages - 39,95 €uros
(+ édition collector limitée à 300 exemplaires chez Original Comics)
contient les épisodes Spawn #1 à #15 et #1 Director's Cut - special 25th anniversary edition (+ bonus) : intitulés 'Questions', 'Justice', 'Payback', 'In Heaven (Everything Is Fine)', 'Angela', 'Crossing Over', 'Home Story', 'Flashback' et 'Myths' (de Mai 1992 à Novembre 1993 et Mai 2017)
créé par Todd McFarlane - couverture de Todd McFarlane d'après Joe Quesada (Spawn #1 Director's Cut d'après Ultimate Spider-Man #1)

Scénario : Todd McFarlane, Alan Moore, Neil Gaiman, Dave Sim et Frank Miller
Dessin et encrage : Todd McFarlane
Couleurs : Steve Oliff, Reuben Rude et Olyoptics

Le pitch : « 2022 : 30e anniversaire de l'éditeur Image Comics, et de l'un de ses personnages emblématiques créé par Todd McFarlane : SPAWN. Cette édition exclusivement en VF est l'occasion de célébrer dignement cet anti-super-héros. Al Simmons est un militaire, tué par ses supérieurs et revenu sur Terre après avoir passé un marché avec un démon, mais il a été transformé en suppôt des Enfers ! Cet ouvrage édité uniquement en VF comprend les 15 premiers épisodes de la série, et de nombreux bonus inédits en VF ! »

Lisez les premières pages : https://www.editions-delcourt.fr/comics/preview/spawn-edition-speciale-30e-anniversaire
Les couvertures originales de Todd McFarlane, Ashley Wood et Clayton Crain :

Trop hâte de les avoirs en mains  

Oh, voilà le pavé ! Format agrandi, cartonné, d'une épaisseur de 3,5 cm, papier épais... il en impose !
Alors certes le visuel choisi par la couverture n'est pas des plus mémorables. Il ya quelques coquilles de texte. Et la majorité des pages présentent un léger flou. Sur ce dernier point, est-ce la faute de l'imprimeur, ou est-ce dû au fait que ce sont des scans car le matériel numérique n'existe pas, vu que ça date d'il y a 30 ans ? Cela me semble être plutôt le dernier cas. Les bonus de cette édition sont pertinents. Toutes les couvertures, la traduction des commentaires du Director's Cut de l'épisode #1 avec reproduites les planches originales, les croquis du Todd lorsqu'il était adolescent, et une petite préface exclusive de celui-ci.

Comme vous le savez, cet album événement Spawn : édition spéciale 30e anniversaire reprend la totalité des 15 premiers épisodes de la série Spawn, qui ont la particularité d'être tous signés de son créateur Todd McFarlane. Il fera par la suite appel à Greg Capullo, mais ceci est une autre histoire. On a donc ici regroupé tout le début de la série, écrite, dessinée et encrée par Todd McFarlane. J'espérais y retrouver une nostalgie bienfaitrice en pouvant relire dans un seul livre tous ces épisodes datant de trois décennies, découverts en 1995 dans les kiosques français grâce à Sémic. Eh bien c'est bel et bien ce sentiment de joie que j'ai retrouvé ici.

Todd McFarlane a des idées, veut faire dans le super-héroïque mais matiné de fantastique et surtout d'horreur. Cela reste toujours aussi efficace que dans les années 90 et le succès que l'on sait, grâce a des intrigues accrocheuses, des protagonistes bien campés, des monstres icôniques, du gore, de l'émotion, etc... Alors certes on voit bien un peu qu'avec tout ça il ne sait pas précisément où il va, mais dans tous les aspects, on ne peut que lui remarquer une chose indéniable : Todd McFarlane y est ici très généreux, et ce à chaque épisode. Grâce à sa galerie de personnages variés, il crée des sous-intriques attachantes, et varie en même temps à la fois les sujets et les genres. Drame, polar, baston, violence, vie quotidienne... Démons, vie familiale, deuil, amour, solitude, vie des sans-abris, mafieux, flics... Et un costume déjà, encore et toujours icônique et mémorable.

S'il ne donne pas toutes les infos d'entrée de jeu, ménageant le suspense de façon aussi simple qu'efficace, Todd McFarlane en balance aussi beaucoup et rapidement. En cela, on ne peut pas vraiment dire que le rythme soit décompressé. Au contraire, ces quinze premiers épisodes en racontent déjà beaucoup. D'autant plus que chaque épisode est bien rempli. D'un premier arc culte présentant les monstres géants Violator et Malelogia, on passe à un 5ème épisode que l'on n'oubliera pas : ça traite d'un tueur en série dégueulasse qui s'attaque aux enfants, Billy Kincaid - c'est morbide à souhait, et le final reste en mémoire de tous les lecteurs. Chapeau l'artiste. Les deux épisodes suivants présentent le cyborg Overt-Kill (co-créé avec Rob Liefeld et Stan Lee), de la baston violente menée tête baissée.

Todd McFarlane fait ensuite appel à quatre scénaristes de renom pour développer son univers. Les cultissimes Alan Moore et Neil Gaiman créent carrément l'univers de la série en introduisant la complexité de l'Enfer et du costume vivant pour le premier, et les anges chasseurs et les précédents Spawns pour le second. En peu de pages, ils avancent beaucoup de choses, qu'y seront maintes fois développées plus tard. Dave Sim, monsieur Cerebus, réalise quant à lui un exercice de style impressionnant. Son épisode est littéralement une réflexion sur le medium des comics et ses auteurs, les personnages qui vivent leurs vies et leurs créateurs qui s'y investissent corps et âme. Un ovni méta à relire. Enfin Frank Miller propose juste une parodie bourrine sans intérêt.

Pour finir, Todd McFarlane raccroche sa création de celle de Rob Liefeld, Youngblood, en faisant que le tueur d'Al Simmons est Chapel. On préfèrera retenir ce qui amène à ça : les pensées du personnage. Et pour conclure, Violator raconte une histoire médiévale à trois gamins. Mais... aviez-vous remarqué ? Ces trois se nomment Mark, Clint et Steve, et l'un porte une casquette 'ILM'... Du coup, j'ai tilté ! Il s'agit de la version enfantine de Mark A.Z. Dippé, Clint Goldman et Steve Williams, trois artistes de la  célèvbre société d'effets spéciaux Industrial Light and Magic, ceux-là même qui seront responsables de l'adaptation cinéma live datant de 1997, respectivement aux postes de réalisateur, producteur et superviseur des effets spéciaux !

Spawn, c'est bien sûr aussi, et peut-être surtout, l'art graphique de Todd McFarlane. Son dessin encré a soulevé l'enthousiasme des fans, précédemment chez Marvel sur les séries the Incredible Hulk, the Amazing Spider-Man et Spider-Man. Il continue ici de plus belle, de façon encore plus personnelle et libre, et plus sombre aussi bien sûr. Et franchement, il n'y a rien à redire, c'est du tout bon de A à Z. Que cela soit la narration, la composition, les images icôniques et mémorables, les passages humoristiques... Son trait si particulier, qui se trouve être à la fois exagéré dans la caricature rondouillarde et extrêmement détaillé et varié dans l'épaisseur, toujours dans un travail de l'ombre omniprésente qui sied pertinemment à sa création, nous a enthousiasmé il y a 30 ans, et nous enthousiasme de nouveau en le redécouvrant avec cet ouvrage. Quant à la colorisation, on était là aux tous débuts de la colorisation par ordinateur, avec ses carences techniques mais avec une sacrée volonté de bien faire. Ça a très légèrement vieilli, il faut bien l'avouer, mais ça ne gêne absolument pas.